
Les grandes figures littéraires de l'ère victorienne et leur influence sur le steampunk.
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L’esthétique steampunk fascine par ses rouages, ses dirigeables, ses inventions baroques et ses élégances victoriennes, mais ce n’est pas seulement un style visuel : c’est un univers littéraire et culturel enraciné dans l’histoire. Plus précisément, dans l’époque victorienne, une ère foisonnante de découvertes scientifiques, d'industrialisation effervescente et de récits visionnaires. L’ombre bienveillante (ou inquiétante) des grands auteurs du XIXe siècle plane sur l’imaginaire steampunk, nourrissant ses intrigues, ses machines à vapeur et ses utopies parfois dystopiques.
Dans cet article, nous plongeons dans les figures majeures de la littérature victorienne qui ont, consciemment ou non, forgé les bases du steampunk contemporain. Leurs œuvres résonnent encore dans les créations modernes, et leur génie continue d'inspirer écrivains, artistes et fans du genre. Préparez-vous à une traversée littéraire entre brume londonienne, laboratoires mystérieux et aventures exotiques à travers les airs et le temps…
1. Charles Dickens : le chantre social du Londres industriel
L’empreinte d’un monde en mutation
Charles Dickens est sans doute le romancier le plus emblématique de l'époque victorienne. À travers des œuvres telles que Oliver Twist, Bleak House ou Hard Times, il peint un portrait saisissant de l’Angleterre du XIXe siècle : ses inégalités sociales, ses enfants des rues, ses travailleurs écrasés par la machine industrielle.
Le lien avec le steampunk se situe ici dans la toile de fond urbaine et sociale qu'il dresse : les ruelles brumeuses, les machines fumantes, la crasse et la misère. Loin du romantisme, Dickens nous livre la réalité de la révolution industrielle, que le steampunk réinterprète avec des éléments rétro-futuristes.
Dickens dans le steampunk moderne
Des œuvres comme Mortal Engines de Philip Reeve ou Infernal Devices de K.W. Jeter reprennent cette tension entre progrès technologique et déshumanisation sociale. Leurs univers, souvent dystopiques, doivent beaucoup à la conscience sociale et au réalisme noir de Dickens.
Sur steampunk-one.com, on évoque souvent ce Londres alternatif où se croisent gentleman savant et enfant des rues débrouillard — une vision directement héritée de Dickens.
2. Jules Verne : l’architecte de l’imaginaire scientifique
Le visionnaire technologique
Bien que français, Jules Verne s’inscrit pleinement dans le courant littéraire victorien, par sa contemporanéité et son influence transnationale. Ses Voyages extraordinaires (notamment Vingt mille lieues sous les mers, Le Tour du monde en 80 jours ou De la Terre à la Lune) ont façonné l’archétype du savant génial, du sous-marin exubérant, du globe-trotter élégant.
Verne est considéré par beaucoup comme le père spirituel du steampunk, car il combine :
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Une fascination pour la science,
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Des décors du XIXe siècle,
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Des technologies imaginaires mais crédibles.
Jules Verne et les bases de l’esthétique steampunk
Le Nautilus du capitaine Nemo est l’un des modèles fondateurs du design steampunk : tout en cuivre, orné de hublots ronds, alimenté par une technologie mystérieuse. On retrouve cette inspiration dans des œuvres comme The League of Extraordinary Gentlemen ou Steamboy.
Sur steampunk-one.com, plusieurs articles explorent déjà la manière dont Verne inspire les créateurs de costumes, de machines ou de récits alternatifs. Sa contribution au genre est incontournable.
3. H.G. Wells : le maître du voyage dans le temps et de la dystopie
L’inventeur du "scientific romance"
Contemporain de Verne, Herbert George Wells a marqué la littérature par des romans à la fois scientifiques et philosophiques. La Machine à explorer le temps, L’Homme invisible, La Guerre des mondes ou L’Île du docteur Moreau sont des classiques fondateurs de la science-fiction moderne… mais aussi des piliers du steampunk.
Wells s’interroge sur les conséquences de la technologie et n’hésite pas à explorer des futurs sombres, des dérives éthiques et des mutations sociales.
Le voyage dans le temps : un trope steampunk
Le steampunk ne se contente pas de réinventer le passé ; il joue avec le temps, grâce à des machines anachroniques. Cette idée de technologie temporelle à vapeur est directement liée à l’invention de Wells, et a inspiré de nombreuses œuvres, de Doctor Who à The Time Machine version steampunk.
La littérature steampunk aime jouer avec cette flexibilité temporelle, où l’on croise à la fois l’Angleterre victorienne et des avenirs alternatifs. H.G. Wells est omniprésent dans cette narration.
4. Mary Shelley : la mère de la créature et du questionnement éthique
Frankenstein : un archétype fondateur
Mary Shelley, avec Frankenstein ou le Prométhée moderne (1818), a offert à la littérature une icône de la transgression scientifique. Ce roman pré-victorien ouvre la voie à la réflexion morale sur les limites de la science, la solitude du créateur, la monstruosité de l’homme.
Une figure fondatrice pour le steampunk gothique
Le steampunk, notamment dans sa version dark ou gothique, s’inspire énormément de Frankenstein. La figure du savant fou, des expériences interdites, des machines électriques ou organiques, tout cela trouve ses racines dans Shelley.
Dans des romans comme Boneshaker de Cherie Priest, ou The Difference Engine de Gibson et Sterling, l’influence de Shelley se fait sentir dans les thématiques d’hybridation, de corps augmentés ou de technologies incontrôlables.
Steampunk-one.com explore souvent ce versant du genre où l’éthique côtoie l’esthétique, et où l’humain se redéfinit à travers ses créations mécaniques ou biologiques.
5. Arthur Conan Doyle : la rationalité dans le brouillard
Sherlock Holmes, ou la science au service du mystère
Conan Doyle n’est pas un écrivain de science-fiction à proprement parler, mais son héros Sherlock Holmes est emblématique du XIXe siècle et de l’essor de la méthode scientifique. Holmes incarne le raisonnement logique, l’obsession des détails, et une esthétique très steampunk : costume trois pièces, lunettes, pipes et ambiance londonienne brumeuse.
Un personnage clé de l’imaginaire steampunk
Holmes a été maintes fois repris dans des adaptations steampunk : en détective amélioré, en enquêteur cyber-victorien, ou dans des récits où les crimes touchent à la technologie, à l’automate ou à la science occulte.
La logique de Conan Doyle s’accorde parfaitement avec le goût du steampunk pour les énigmes, les complots, les sociétés secrètes et les machinations mécaniques. C’est un pont entre la tradition du roman policier et l’esthétique industrielle rétro-futuriste.
6. Oscar Wilde : l’esthétisme flamboyant au service de la critique
Dorian Gray et la décadence victorienne
Avec Le Portrait de Dorian Gray, Oscar Wilde nous plonge dans une ambiance à la fois luxueuse et morbide. Son style raffiné, ses aphorismes ciselés et son personnage principal, aussi séduisant que corrompu, incarnent les contradictions d’une société victorienne en quête de beauté mais rongée par l’ennui moral.
L’influence dans le steampunk aristocratique
Dans certains récits steampunk, on trouve des anti-héros dandys, des clubs de gentlemen, des décors somptueux où le velours et le cuivre se mêlent. Le style "décadent-victorien" cher à Wilde s’infiltre dans les recoins les plus raffinés du genre.
Le steampunk aristocratique, souvent exploré dans les conventions et les créations vestimentaires présentées sur steampunk-one.com, doit beaucoup à l’élégance subversive de Wilde.
7. Bram Stoker : le surnaturel à l’ère industrielle
Dracula : la peur de l’inconnu dans un monde rationnel
Avec Dracula (1897), Stoker confronte la modernité victorienne — avec ses trains, ses télégraphes, ses sciences — à un mal ancien, irrationnel, venu de l’Est mystérieux. Ce choc entre archaïsme et technologie, entre superstition et science, est au cœur de nombreuses œuvres steampunk.
Steampunk et surnaturel
Certains sous-genres du steampunk, comme le gaslamp fantasy ou le steampunk horrifique, s’inspirent clairement de Dracula. On y trouve des vampires mécaniques, des sociétés secrètes, des croisades pseudo-scientifiques contre des entités anciennes.
La figure de Van Helsing, savant-chasseur de monstres, incarne la jonction parfaite entre rationalité et ésotérisme, typique du steampunk.
8. Elizabeth Gaskell et George Eliot : les voix féminines de la révolution industrielle
Témoignages sensibles et critiques sociales
Moins connues du grand public que Dickens ou Verne, ces deux auteures ont joué un rôle essentiel dans la description des changements sociaux et technologiques du XIXe siècle. Gaskell, avec Nord et Sud, explore les conflits entre capitalisme industriel et humanisme. Eliot, avec Middlemarch, interroge la condition des femmes, les conflits de classe, et l’évolution des valeurs dans une société en mutation.
Une inspiration pour le steampunk féministe
De nombreuses autrices steampunk modernes — comme Gail Carriger ou Cherie Priest — s’inscrivent dans la continuité de Gaskell et Eliot, en donnant voix à des héroïnes fortes, indépendantes, ingénieures ou inventrices. Le steampunk devient alors un outil de critique sociale et de réécriture des rôles genrés dans une société rétro-futuriste.
Conclusion : Une généalogie vivante et vibrante
Le steampunk n’est pas né dans un laboratoire de fiction moderne, mais dans les ruelles brumeuses de Londres, les sous-marins de Verne, les salons décadents de Wilde et les laboratoires fous de Shelley. C’est un courant qui tire sa force d’un patrimoine littéraire riche et complexe, celui de l’ère victorienne.
En revisitant ces figures, les auteurs steampunk contemporains tissent une toile entre passé et futur, entre hommage et subversion. L’héritage est vivant, et il continue d’évoluer à chaque roman, chaque costume, chaque illustration.
Sur steampunk-one.com, cette exploration des influences littéraires de l’époque victorienne est au cœur de notre passion. Nous croyons que comprendre ces racines, c’est mieux saisir l’ampleur du steampunk — non pas comme simple esthétique rétro, mais comme un véritable univers culturel en dialogue avec son histoire.