
Les origines du mouvement steampunk : d'où vient-il ?
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Le steampunk, avec ses rouages dorés, ses automates à vapeur, ses dirigeables majestueux et ses dandys en redingote, est bien plus qu’un simple style esthétique ou un sous-genre littéraire. C’est un véritable mouvement culturel, une uchronie fascinante qui puise ses racines dans l’histoire, la littérature, la science et l’imaginaire collectif. Mais d’où vient réellement le steampunk ? Comment ce style rétro-futuriste a-t-il vu le jour ? Qui sont ses pionniers ? Plongeons ensemble dans les arcanes du XIXe siècle, des récits fondateurs jusqu’aux communautés modernes, pour explorer les origines du steampunk.
Aux sources de l'imaginaire steampunk : le XIXe siècle victorien
Pour comprendre le steampunk, il faut commencer par le XIXe siècle, et plus précisément l’ère victorienne, une période charnière dans l’histoire occidentale, où la science, l’industrie, l’exploration et la littérature s’entremêlent.
La Révolution industrielle : l’âge des machines
La Révolution industrielle fut le creuset de nombreuses inventions qui allaient transformer le monde : la machine à vapeur, les locomotives, les usines, mais aussi les premiers appareils volants. Ces avancées techniques ont engendré une véritable fascination — mais aussi une certaine anxiété — pour le progrès technologique.
Le steampunk naît de ce dualisme, entre espoir et peur, entre admiration de la technologie et inquiétude face à sa puissance. Les machines à vapeur, les engrenages, les tubes en cuivre et les turbines que l’on retrouve dans les univers steampunk sont autant d’hommages et de réinventions de cette époque.
Le romantisme scientifique et la littérature d’anticipation
Le XIXe siècle a vu naître la science-fiction avant la lettre, grâce à des auteurs visionnaires. On peut citer notamment :
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Jules Verne, avec Vingt mille lieues sous les mers, De la Terre à la Lune, Les Cinq Cents Millions de la Bégum ;
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H.G. Wells, auteur de La Machine à explorer le temps, La Guerre des mondes et L’Homme invisible ;
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Mary Shelley, avec Frankenstein, considéré comme l’un des premiers romans de science-fiction ;
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Edgar Allan Poe, dans ses récits mêlant sciences, mystères et atmosphères gothiques.
Ces écrivains sont les précurseurs de l’univers steampunk. Leurs mondes, pleins de découvertes improbables, de scientifiques excentriques, de technologies avancées et de sociétés transformées, posent les fondements d’un imaginaire rétro-futuriste.
L’émergence du terme "steampunk" : une invention moderne
Si les racines du steampunk remontent au XIXe siècle, le terme lui-même est beaucoup plus récent. C’est dans les années 1980 qu’apparaît le mot "steampunk", formé par analogie avec "cyberpunk", un autre sous-genre de la science-fiction.
K.W. Jeter : le père du mot
En 1987, l’écrivain K.W. Jeter écrit une lettre au magazine Locus pour proposer un terme qui engloberait les œuvres qu’il, Tim Powers et James P. Blaylock avaient publiées — des romans inspirés du XIXe siècle avec une technologie anachronique. Il écrit :
« Nous cherchons un mot qui décrirait ces romans victoriens avec une technologie poussée à l’extrême… peut-être quelque chose comme steampunk ? »
Le mot est lancé. Il connaît rapidement un succès dans les cercles littéraires puis culturels. Ce néologisme, combinant "steam" (vapeur) et "punk" (attitude rebelle, contestataire), résume à lui seul l’essence du mouvement : une rébellion rétro-futuriste dans un univers mécanique.
Les précurseurs littéraires du steampunk contemporain
Revenons aux années 1970-80, où quelques romans posent les bases du steampunk moderne, bien avant que le terme ne se généralise.
Michael Moorcock : un visionnaire discret
L’auteur britannique Michael Moorcock est souvent cité comme un pionnier du genre, notamment avec sa série The Warlord of the Air (1971). Dans cet univers alternatif, les machines volantes et les empires coloniaux dominent un monde anachronique et critique envers l’impérialisme.
Tim Powers et Les Voies d'Anubis
Publiée en 1983, cette œuvre mêle voyages dans le temps, magie, Égypte ancienne et Londres victorienne. Elle incarne parfaitement l’esprit steampunk, même si l’appellation n’est pas encore en vogue.
James P. Blaylock et Homunculus
Autre auteur fondateur, Blaylock met en scène un Londres étrange, des machines impossibles, des savants fous et un humour très second degré, que l’on retrouvera souvent dans le genre.
Le steampunk, un mouvement culturel global
À partir des années 1990, le steampunk cesse d’être seulement un genre littéraire pour devenir un véritable mouvement culturel, s’exprimant à travers :
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La mode (corsets, redingotes, lunettes d’aviateur, accessoires en laiton) ;
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Le cosplay ;
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Le design et la décoration intérieure ;
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La musique, notamment avec des groupes comme Abney Park ou Vernian Process ;
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Les jeux vidéo (Bioshock Infinite, Dishonored, Arcanum) ;
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Le cinéma et les séries (voir The League of Extraordinary Gentlemen, Wild Wild West, Mortal Engines).
Ce phénomène touche autant les passionnés d’histoire alternative que les amateurs de SF, de fantasy ou de gothique victorien.
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Le steampunk et l’uchronie : une réécriture de l’Histoire
Le steampunk se distingue par son ancrage dans une Histoire réinventée. C’est un type d’uchronie, une fiction qui imagine un passé différent, où l’évolution technologique a pris un autre chemin. Dans le steampunk :
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La vapeur reste la source d’énergie principale ;
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Les ordinateurs sont mécaniques, souvent à base de cartes perforées ;
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La société victorienne se perpétue avec ses classes, ses manières, son esthétique ;
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Le monde colonial peut être renversé, critiqué, ou même détourné dans une perspective postcoloniale.
Ces réécritures permettent de questionner les rapports de pouvoir, la science, l’éthique ou encore le rôle des femmes dans une société dominée par la technique.
Le punk dans le steampunk : une esthétique contestataire
Ne l’oublions pas : le steampunk n’est pas seulement un hommage au passé. Il a une dimension critique. Le mot "punk" évoque l’idée de subversion, de rebellion contre l’ordre établi.
Les récits steampunk mettent souvent en scène des personnages marginaux : inventeurs fous, anarchistes, pirates de l’air, journalistes engagés, femmes hors norme… Ce sont des figures de résistance face à un pouvoir technocratique, militarisé ou patriarcal.
Ainsi, le steampunk devient un outil narratif et esthétique pour remettre en cause les injustices historiques, les dérives du progrès et le conservatisme social.
L’influence du steampunk aujourd’hui
Le steampunk est désormais une influence majeure dans la pop culture, mais aussi dans les arts visuels, la mode alternative, le jeu de rôle, les salons littéraires et même l’architecture.
Des événements comme le Steam Expo, le Salon Steampunk de Montbazon ou le Festival Steampunk de Longueville (France) témoignent de l’enthousiasme pour ce genre.
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En résumé : une histoire en mouvement
Voici les grandes étapes des origines du steampunk :
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XIXe siècle : l’époque victorienne, les inventions à vapeur, la littérature proto-science-fiction ;
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Années 1970-80 : émergence de récits fondateurs comme ceux de Moorcock, Powers et Blaylock ;
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1987 : création du terme "steampunk" par K.W. Jeter ;
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1990-2000 : essor culturel du mouvement, développement dans la mode, le cinéma, les jeux ;
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Aujourd’hui : une culture mondiale, riche, hybride et contestataire.
Pourquoi le steampunk fascine-t-il autant ?
Parce qu’il offre une porte d’entrée vers un monde où passé et futur se croisent, où l’imagination prend le pas sur les normes, où la beauté des objets mécaniques se mêle à une réflexion sur le progrès.
Le steampunk est aussi une invitation à créer. Dans un monde ultra-numérisé, il nous reconnecte à la matière, à l’artisanat, à la narration. Il invite à bricoler, à rêver, à écrire, à construire. Il propose une vision alternative de la modernité — une modernité à vapeur, faite d’engrenages et d’humanité.