
Les récits steampunk non anglophones : un aperçu.
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Lorsqu’on évoque le steampunk, les références anglophones s’imposent souvent naturellement. Des œuvres de Tim Powers, K.W. Jeter ou Cherie Priest à l’esthétique des univers comme ceux de The League of Extraordinary Gentlemen ou Bioshock Infinite, l’imaginaire steampunk semble solidement ancré dans les cultures anglo-saxonnes. Pourtant, ce serait une grave erreur de croire que le steampunk se limite au monde anglophone. Un foisonnement de récits steampunk a vu le jour dans de nombreuses langues, explorant des imaginaires alternatifs, des passés réinventés, et des sensibilités culturelles uniques.
Dans cet article, nous allons explorer les récits steampunk non anglophones, de l'Europe à l'Asie en passant par l’Amérique du Sud, découvrir des œuvres fascinantes, des auteurs audacieux, et des contextes culturels qui enrichissent profondément le genre. Que vous soyez lecteur curieux, auteur en quête d’inspiration, ou passionné de rétrofuturisme, cet aperçu mondial vous ouvrira de nouveaux horizons.
Le steampunk : un genre au-delà de la langue anglaise
Le steampunk, en tant que genre littéraire, esthétique et culturel, s’est propagé à travers le monde bien au-delà de ses racines victoriennes anglaises. Cette diffusion planétaire s’est accompagnée d’une appropriation créative : chaque culture l’a réinterprété selon ses propres références historiques, ses tensions sociales, et ses esthétiques particulières.
En dehors du monde anglophone, le steampunk a trouvé une résonance particulière dans les pays ayant connu une révolution industrielle, une colonisation ou un âge d’or scientifique spécifique. Loin d’être une simple imitation, le steampunk non anglophone réinvente les règles du jeu : il propose de nouveaux imaginaires rétrofuturistes, explore d’autres formes de technologie, et donne la parole à des voix oubliées par l’Histoire.
Sur Steampunk-One.com, nous nous efforçons justement de mettre en lumière cette diversité foisonnante qui nourrit le genre. Cet article s’inscrit dans cette volonté d’exploration et de mise en valeur.
L’Europe continentale : une tradition littéraire et visuelle forte
La France : berceau d’un steampunk “à la française”
Impossible de parler de steampunk non anglophone sans évoquer la France. Bien avant que le terme « steampunk » ne soit inventé, Jules Verne, avec ses romans d’aventures scientifiques tels que Vingt mille lieues sous les mers ou De la Terre à la Lune, posait les fondations d’un imaginaire rétrofuturiste.
Aujourd’hui, des auteurs comme Jean-Christophe Chaumette, Pierre Pevel ou Johan Heliot ont su prolonger cet héritage en y injectant une touche moderne et spécifiquement française. Johan Heliot, notamment avec La Lune seule le sait, imagine une uchronie où Napoléon III utilise des technologies volées aux Martiens. Humour, critique politique, et univers foisonnant s’y mêlent avec brio.
L’univers visuel du steampunk français est également très riche. Des festivals comme Le Steam Tour, Animasia, ou le Salon Fantastique permettent aux créateurs de costumes, d’objets et d’illustrations de rivaliser d’inventivité.
Le site https://steampunk-one.com propose régulièrement des dossiers et critiques sur ces œuvres emblématiques du steampunk français, pour mieux guider les passionnés dans cette galaxie créative.
L’Allemagne : entre romantisme noir et machines infernales
L’Allemagne, avec sa tradition du romantisme noir et sa fascination pour la mécanique, a vu naître plusieurs œuvres influencées par le steampunk. Anja Bagus, avec sa série Aetherwelt, transpose le steampunk dans une Allemagne alternative, où l’éther — une matière étrange — bouleverse les équilibres sociaux. Sa série est un parfait exemple de “gaslight fantasy” germanique, mêlant critique sociale, esthétique industrielle et folklore.
Le collectif Steampunk Hands Around the World a également permis de faire connaître plusieurs auteurs et artistes allemands qui s’emparent du genre pour questionner leur propre histoire, notamment la période de l’Empire allemand ou de la République de Weimar.
L’Italie : élégance, technologie et politique
En Italie, le steampunk s’ancre dans l’esthétique de la Renaissance industrielle et dans les intrigues politiques du XIXe siècle. Des auteurs comme Alessandro Forlani (I Senza-Tempo) imaginent des sociétés secrètes, des savants fous et des cités aériennes, sur fond de tensions sociales et d’éthique technologique.
L’Italie se distingue aussi par la richesse de son artisanat steampunk : créateurs de lunettes, corsets, machines fantasmagoriques peuplent les marchés et conventions. La scène italienne est souvent plus baroque et flamboyante, un reflet de son héritage culturel.
L’Amérique latine : le steampunk comme outil de décolonisation
L’Amérique latine a produit des œuvres steampunk particulièrement engagées sur le plan politique. Ici, le genre devient un moyen de repenser l’histoire coloniale et de réinventer un passé où la technologie aurait pu être au service des peuples autochtones plutôt qu’au service de l’exploitation.
Le Brésil : le vaporwave tropical
Au Brésil, le mouvement "VaporMarx" propose une relecture socialiste et décoloniale du steampunk. Des auteurs comme Enéias Tavares, avec la série Brasiliana Steampunk, imaginent un XIXe siècle brésilien où les figures de la littérature classique deviennent des héros d’aventure dans un univers mêlant folklore local et technologie à vapeur.
Les récits brésiliens steampunk sont souvent colorés, exubérants, pleins de musique, de machineries délirantes et de clins d’œil à la culture populaire. Le tout avec une conscience politique forte : le steampunk y devient un outil d’émancipation.
L’Argentine et le Mexique : entre réalisme magique et dystopie rétrofuturiste
Des auteurs comme Fabián C. Rodríguez (Argentine) ou Gabriel Benítez (Mexique) ont exploré des univers alternatifs où les anciennes civilisations, comme les Aztèques ou les Incas, auraient développé leur propre technologie à vapeur, défiant la conquête européenne. Le mélange entre réalisme magique, technologie rétro, et critique sociale donne naissance à des récits puissants et originaux.
L’Asie : l’uchronie au service de l’histoire revisitée
Le Japon : entre esthétique victorienne et mécanique onirique
Le Japon est sans doute le pays asiatique où le steampunk est le plus développé, notamment grâce à la puissance de sa production culturelle : manga, anime, jeux vidéo, mode. Des œuvres comme Steamboy de Katsuhiro Otomo ou Fullmetal Alchemist de Hiromu Arakawa proposent des univers aux inspirations clairement steampunk, tout en les adaptant à des contextes est-asiatiques.
La culture japonaise du "kurofuku steampunk", qui mêle costume victorien noir et accessoires mécaniques, s’est aussi imposée sur les podiums alternatifs. Le steampunk japonais explore des thématiques comme l’honneur, la fatalité, la mécanique du destin, en écho aux traditions philosophiques du pays.
La Chine : passé impérial et techno-mysticisme
La Chine a vu émerger plusieurs auteurs et artistes qui réinventent l’histoire de la dynastie Qing avec une technologie inspirée de l’alchimie taoïste et des savoirs ancestraux. Cette approche mêle éléments steampunk à des réflexions spirituelles sur la nature, le pouvoir, et le progrès.
Des œuvres comme The Three-Body Steamer (œuvre fictive dérivée de l’univers de Liu Cixin) ou les productions cinématographiques de science-fiction rétro diffusées sur plateformes chinoises contribuent à poser les bases d’un "silkpunk", sous-genre inspiré du steampunk mais enraciné dans les traditions orientales.
Pourquoi lire du steampunk non anglophone ?
Lire des récits steampunk non anglophones, c’est avant tout sortir des sentiers battus. C’est découvrir des récits audacieux, souvent plus proches de nos réalités historiques, culturelles et politiques. C’est aussi élargir son imaginaire en découvrant des manières différentes de penser la technologie, l’histoire et l’esthétique.
Sur https://steampunk-one.com, nous défendons une vision inclusive et plurielle du steampunk. Les articles, dossiers et critiques proposés régulièrement visent à faire découvrir des pépites venues du monde entier, et à valoriser des auteurs souvent méconnus en francophonie.
Où trouver ces récits ?
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Éditeurs spécialisés : certaines maisons d’édition indépendantes publient régulièrement des traductions d’œuvres steampunk étrangères (Les Moutons Électriques, ActuSF, Mnémos…).
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Plateformes numériques : des plateformes comme Wattpad ou Scribay regorgent de récits steampunk écrits par des auteurs non anglophones, parfois traduits.
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Bibliothèques numériques internationales : comme Project Gutenberg ou Europeana, qui permettent d'accéder à des classiques proto-steampunk dans différentes langues.
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Forums et communautés : les groupes Facebook, Discord et Reddit consacrés au steampunk international sont d’excellents points de départ pour découvrir de nouveaux auteurs et échanger autour de lectures atypiques.
Vers un steampunk globalisé ?
Le steampunk est un genre de métissage. Métissage temporel, technologique, culturel. Il est donc logique qu’il évolue vers une forme plus globale, plus riche, plus ouverte. Les récits steampunk non anglophones sont la preuve vivante que ce genre a franchi les frontières, et qu’il s’adapte brillamment aux contextes locaux, tout en gardant une portée universelle.
Ils posent aussi une question importante : et si le cœur du steampunk n’était pas l’Angleterre victorienne, mais plutôt la capacité de chaque culture à se réapproprier son passé technologique et à rêver son avenir ?
Sur https://steampunk-one.com, nous continuerons à explorer cette voie, en donnant la parole à ceux qui tissent de nouveaux récits, loin des canons anglo-saxons. Car le steampunk ne vit pas seulement dans les engrenages et les top-hats, mais dans la diversité des voix qui l’animent.